Des œuvres de décoration intérieure exploitant les techniques artisanales des poupées japonaises traditionnelles.
2021.09.29
LIFESon corps est recouvert d’un splendide patchwork de tissus multicolores. Les imposantes cornes dorées contrastent avec son regard avenant. Ce majestueux rhinocéros fait partie de la série d’animaux miniatures « anima ». Présentée en 2018 par le vénérable atelier Matsuzaki Doll, fabricant de poupées traditionnelles exposées lors de fêtes saisonnières au Japon, sa capacité à pouvoir être utilisée tout au long de l’année comme élément de décoration intérieure lui a valu un vif succès.
L’idée fut proposée par un acheteur étranger qui cherchait à promouvoir les ventes sur le marché international. Un sculpteur, ami de Mitsumasa Matsuzaki – le directeur de l’atelier -, qui avait décoré son bureau d’un rhinocéros en faïence de sa création, lui proposa de se baser sur ce modèle.
« L’œuvre de mon ami était inspirée du célèbre rhinocéros gravé sur bois d’Albrecht Dürer. Sa cuirasse était très différente de celle d’un vrai rhinocéros mais je me suis dit qu’il serait intéressant d’essayer de mettre à profit notre technique traditionnelle de poupées dite “kimekomi” ».
Cette technique kimekomi consiste à creuser des entailles dans une pièce de bois issue d’un modèle et à y insérer, avant de le coller, du tissu appelé kireji.
M. Matsuzaki accorde par ailleurs une importance toute particulière au choix des matériaux. Les tissus utilisés sont variés, souvent rares et précieux, à l’instar des anciens brocarts rehaussés d’or. Les parties blanches du dos de l’animal sont recouvertes d’un papier japonais traditionnel extrêmement fin (tengujō), la couleur des yeux est obtenue par noircissement d’une feuille d’argent, et enfin les cornes sont dorées puis lustrées selon une technique analogue à celle pour masques de théâtre nō. Pour rendre le bois à la fois lisse et résistant, un pigment calcaire issu de coquillages est appliqué en couches successives. Tout comme pour la confection des poupées traditionnelles, l’attention des artisans au moindre détail – même invisible – est totale.
« Bien que nous utilisions des techniques immuables, nous parvenons à créer des choses totalement novatrices. En optant pour des coloris audacieux, nous donnons un nouvel essor à ces tissus traditionnels. »
En juin de cette année, une nouvelle série proposée à la vente a vu le jour, consacrée aux insectes et intitulée « insectum ». L’idée initiale est dûe à un créateur extérieur à l’atelier et la technique traditionnelle kimekomi est appliquée sur des modèles réalisés en impression 3D. Chaque insecte est ensuite présenté dans une boîte en bois de paulownia, un ensemble unique qui ne devrait pas manquer d’attirer de nouveaux amateurs.
« Ces rencontres furent précieuses et j’aimerais être capable d’élargir encore notre horizon créatif. J’espère de tout cœur que nous continuerons à concevoir des objets qui sachent transmettre à nos clients tout notre plaisir à les avoir créés. »